07 avril 2008

La punition divine


Après l'histoire de Saint Adorni contée par Norbert

( dans le Bulletin de liaison n°5 de 2007 )

je vais vous raconter l'histoire, tout aussi véridique,

racontée par mon grand-père, des croix brisées.


Donc en l'an 1909, les ouvriers agricoles d'Abeilhan,

réclamant une augmentation et ne l'obtenant pas,

se mirent en grêve.

A cette époque, presque tout les hommes du village

étaient ouvriers agricoles.
En outre, il y avait " les patrons " qui allaient à la messe

et les autres " les anti cléricaux " qui étaient contre les curés.


Tout le village était en ébullition après le refus des patrons

d'augmenter la journée de travail.

Certains hommes décidèrent alors de détruire toutes les croix

qui protégeaient les vignes;

ce qu'ils firent la nuit d'un samedi au dimanche.


Le lendemain matin, ce fut la désolation car toutes les croix gisaient au sol.


C'était le jour de la communion solennelle.

Au milieu du repas de fête, un orage épouvantable de pluie et de grêle

ravagea le vignoble.


Mais voilà, à Abeilhan, il ne grêle que très rarement,

encore moins sur presque tout le vignoble

et jamais avec cette force.


Conclusion :

Punition divine pour les uns et les autres.


Cette année-là, la récolte fut presque entièrement perdue.

Certains ne sortirent même pas les comportes pour rentrer les raisins.


"Nous avons seulement fait la buvette"

disait mon grand-père et de conclure :

"Nous avons augmenté les ouvriers, remonté quelques croix

et prié pour que de tels châtiments ne se reproduisent plus."



Simone Boyer, Présidente de notre Association.




Anecdote :


Après cette catastrophe, presque tout les hommes valides se sont "expatriés" dans l'aude pour y faire les vendanges, qui sont plus tardives que chez nous, avec tout les aléas climatiques qui s'ensuivirent. Les femmes allaient tout les jours à la poste pour voir s'il n'y avait pas un mandat ( pour faire bouillir la marmite ) ...

Et souvent elles recevaient un télégramme qui disait " Pluie, mou et continu ".

Propos recueillis par Norbert de son beau-père Fernand Cros.

Patrimoine Abeilhanais

Devoir de mémoire

En nous promenant dans les campagnes, aux alentours de nos villages, nous passons devant sans les voir...
Ce sont les croix, discrètes, qui font partie du paysage.
Il y en a de deux sortes :

1. Les croix de carrefours
...d'où l'expression "à la croisée des chemins"

2. Les croix près des villages aux coins des vignes
appelées autrefois "Croix des rogations"
Les rogations étaient des processions de supplications instituées au V° siècle,
et qui se déroulaient le jour de la Saint Marc (le 25 avril)
et les 3 jours précédant l'ascension.
Elles étaient destiné à attirer la bénédiction divine sur les récoltes et les animaux. ( Larousse )

Les rogations ont remplacé les "ambarvales" Romaines, qui étaient des processions champêtres en l'honneur de Cérés.

Il y avait donc plusieurs croix ( 3 ou 4 ) à Abeilhan qui servaient de stations pour les rogations. Il y avait peut-être la croix récemment restaurée au coin de l'ancienne vigne de Monsieur & Madame Laurès, et celle face au Domaine Lotantique de Jean-Claude Crébassa.

Celle dont on est sûr de sa fonction, car nous avons un document la mentionnant, c'est la "croix Gentilhomme" qui se trouve ente Abeilhan et Coulobres, à la pointe d'une vigne de Michel Cros.

Voici, résumé, le document abordant la "croix gentilhomme" :

Le 09 mai 1866, veille de l'ascension, Jean-Jacques Pailhès, alors curé du village ( c'est lui qui classa et recopia les annales d'Abeilhan ) après avoir obtenu l'autorisation de Monseigneur Lecourtier Evêque de Montpellier, a béni solennellement un croix que Monsieur Ferdinand Savy avait érigée sur sa propriété rurale en remplacement d'une autre, très antique, appelée croix du gentilhomme, depuis peu renversée et brisée par le choc d'une charrette. Voici ce qu'en dit l'Abbé Pailhés :

"Comme cette croix, de temps immémorial, a été et est encore le point stationnal de la troisième procession des rogations, nous avons profité de ce jour où toute la population était réunie, pour procéder à la susdite bénédiction"

Signé Pailhés Curé

Au départ, toutes les croix étaient entièrement en pierre comme vous pouvez en voir dans les communes environnantes, comme à Coulobres par exemple.

Or, à Abeilhan, si les fûts sont encore en pierre, les croix sont en fer plus ou moins travaillé ( nous parlons ici de celles qui restent... Car hélas beaucoup on complétement disparu )

Voici ci-après, reporté par la Présidente de notre association, un évènement dramatique qui s'est déroulé dans notre village vers les années 1908-1910.